Tiiiiiiiiiiiiiiiiiiit… “REFORMATAGE EN COURS”. Non, ce n’est pas une blague ! A force d’avoir accumulé tant de mots, mon disque dur se fait la malle. La goutte d’eau ? Les cours d’anthropologie. Mon cerveau sature, ma mémoire m’abandonne. Vingt longues années d’apprentissage effacées en cinq minutes. Suis-je condamné à vivre comme un légume ? Non. Il me reste une issue de secours : le fichier de sauvegarde interne. Dernier recours pour graver dix mots indélébiles avant de perdre tout mon savoir. Oui, dix et pas un de plus. Voici donc mon testament anti-amnésique :
Regard : Rieur, moqueur, timide. Discret, perçant, ravageur. Un coktail raffiné d’expressions. Fuyant, bienveillant ou honteux, difficile de mentir avec les yeux. Le regard malicieux d’Océane, amical de Romain, complice d’Estelle, à enregistrer absolument. Et son regard charmeur, pas question de l’oublier.
Mélodies : Pour toutes ces musiques qui ont régalé mes tympans. Rock endiablé, jazz enivrant, balades nostalgiques. Pour ces chansons liées au passé, ces instants partagés à deux ou à plusieurs. The Sound of San Francisco avec Arthur, Dying in the sun avec Chloé, Thriller avec Mickaël, La Panthère Rose avec Raph et Fabien. “Mélodies” pour que mon corps vibre encore à l’écoute des Cranberries, de Ray Charles et de Nek.
Langue : Pour me remémorer les bons petits plats maternels. Lasagnes, polpettes, fondants au chocolat à mon anniversaire. Les bulles de coca qui frétillent dans ma bouche. La texture caoutchouteuse des malabars qui se coincent sous ma dent. Mais aussi “langues étrangères” : l’italien pour garder à l’esprit d’où je viens et l’anglais pour toutes les autres contrées.
Main : La mienne, la tienne, la sienne. Pour me souvenir de toutes celles que j’ai serrées avec plaisir, émotion et parfois à contrecoeur. Pour retenir la sensation des glaçons qui glissent entre mes doigts. Le moelleux de la mousse au chocolat que je frôlais en cachette dans le frigo et tous ces picotements au contact de ta peau. Toucher, effleurer, caresser : ressentir. Le plus sensuel des cinq sens.
Coeur : Pour les amis. La famille. Pour les rires, les joies, les déceptions, les colères, les larmes. Pour l’amour, passionnel ou désintéressé. Pour le garder à portée de main, l’ouvrir à ceux qui en ont besoin. “Coeur” pour tous ces sentiments. “Coeur” pour rester vivant. Et « mon coeur » juste pour toi.
Et enfin Bougie : Pour que ne s’éteigne jamais la petite flamme. Celle de l’enthousiasme, de l’envie, de l’espoir. La lumière qui brille encore lorsqu’il fait noir. Celle qui rassure quand le doute s’invite sans prévenir. La lueur qui console, les soirs de pluie et de déprime. Le feu qui protège du froid et de la solitude. Celui de la chaleur humaine. Une bougie aussi pour ne pas oublier tous ceux qui sont partis et ne reviendront pas.
Six, il n’y en a que six. Pas besoin de plus finalement. Ils suffisent largement.
A.B.
Commentaires récents